La première moitié de l’article se trouve ici

Bernard Monot était tête de liste aux dernières élections européennes pour le Front national dans le Massif Central-Centre, et a été élu député européen. Adhérent depuis 1989 et conseiller économique du Front depuis 2006, il a notamment travaillé pour Natixis, Alliantz et HSBC comme spécialiste des marchés financiers. Il se définit lui-même comme un économiste « libertarien ». Lors d’une réunion du Front national le 6 septembre, il a déclaré que (47′) « tout le système que vous avez connu depuis 40 ou 50 ans est en train de s’effondrer. Le système bancaire, la monnaie de papier, que ce soit l’euro, le dollar, la livre sterling, tout ça, est en train de disparaître. Ils le savent au plus haut niveau, voire même, après, c’est la théorie du complot etc., voire même peut-être qu’ils l’orchestrent. Mais bon ça, on ne peut pas le prouver ». Il a aussi confondu les chiffres de l’immigration légale et de l’immigration clandestine (chiffres qui varient fortement selon l’actualité géopolitique) au cours d’un meeting commun avec Gilbert Collard pendant les européennes (31’30), et pense qu’il existe « une obligation de naturaliser tous ces gens qui arrivent [à Lampedusa] […] et à votre avis, ils viennent où ? Ils vont venir là où le service de protection sociale bien évidemment est le plus favorable, ils ne vont pas rester en Italie, ils ne vont pas rester en Espagne, ils ne vont pas venir en Allemagne forcément, eh bien, ils vont venir en France bien évidemment, parce que la France est l’eldorado ». Peu importe ce que l’on pense des sujets d’immigration, c’est simplement faux : cette « obligation de naturaliser » n’existe pas, et la France attire moins d’immigration que les autres grands pays d’Europe. Bernard Monot n’hésite pas non plus à conclure les débats d’autorité, comme le 16 mai, où, sur le plateau de le28.tv, il tente de conclure une discussion en déclarant (17’10) : « Je suis économiste ; est-ce qu’il y a d’autres économistes autour de cette table ? »

Emmanuel Leroy est un de ceux à qui « le nouveau modèle économique promu par le FN doit beaucoup » (Le système Le Pen, Abel Mestre et Caroline Monnot, p117). Les deux journalistes expliquent que Marine Le Pen a repris, lors d’un discours à Arras en 2009, de « manière sidérante […] au mot près le texte de son conseiller », « un véritable copié-collé ». Emmanuel Leroy a tenu dans les années 1990 une lettre « confidentielle » « crypto-nazie », et était proche d’anciens Waffen-SS (p56). Il a aussi participé en 2007 au White Forum de Moscou, qui regroupait des révisionnistes, des identitaires et autres « aryanistes » (p57). Marine Le Pen le présentait, en 2011, comme « un ami », tout en affirmant ne le rencontrer « qu’une fois tous les trois mois ».

Thibaut de la Tocnaye est un membre historique du Front national. Il est notamment le responsable du chiffrage du programme économique du parti en 2012. Il a aussi combattu auprès des milices chrétiennes au Liban, fait la guerre au Nicaragua, et été « responsable des questions croates » lors du conflit en ex-Yougoslavie pour Chrétien-Solidarité, l’association du catholique traditionaliste Bernard Antony. Il a par ailleurs rencontré Svoboda en 2013 pour le compte du Front national, alors même que le FN s’est dressé contre la présence de ce mouvement, qu’il a qualifié de « néo-nazi », au sein du gouvernement ukrainien.

Dans un livre intitulé Délocalisations, ce n’est pas une fatalité !, restituant un colloque du Front national tenu en 2005, Thibaut de la Tocnaye exprime ses vues économiques. Il rejette le « prétendu principe de précaution » (p44), et approuve la TVA sociale que Marine Le Pen condamne (tout en ajoutant que « l’idéal serait plutôt de puiser dans l’immense gisement d’économies de Dépenses de Fonctionnement de la machine étatique » (p99)). Il rejette le principe des cotisations sociales (« Vous ne savez donc pas que le prix de votre travail est, en gros, le double de ce que vous touchez et de ce que vous toucheriez si votre contrat de travail était digne de ce nom, c’est-à-dire n’était pas réglementé de façon arbitraire et, j’ose le dire, scandaleuse. […] Il faut comprendre en effet que ce sont eux [les syndicalistes] qui, en vérité, vous exploitent. Car ce sont eux qui sont parvenus à imposer la réglementation que constitue les cotisations de sécurité sociale et qui en tirent les ficelles » (p43)), et rejette-les… 39 heures (« L’efficacité technique ou organisationnelle accrue de l’économie française s’est dès lors heurtée en permanence de façon plus onéreuse au développement des réglementations, pour ne parler de l’inefficacité – administrative – conséquence de réglementations telle que, par exemple : 39H. et retraite à 60 ans en 1981 ; […] », p51).

David Mascré, qui a conseillé Marine Le Pen jusqu’en 2012, notamment sur les questions économiques, avait lui survendu son CV. Il a surtout été pris en train d’enregistrer des discussions au sein du bureau politique du parti. David Doucet, journaliste qui a publié avec Dominique Albertini une Histoire du Front national, a fait le parallèle avec l’affaire Buisson.

Axel Loustau est, selon le blog des Droites extrêmes du Monde.fr, responsable d’un cercle frontiste chargé de rassembler les patrons de PME-PMI. Il est aussi trésorier du micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne, et est, selon Marianne, un de ceux en charge de préparer la prochaine campagne présidentielle. Ancien membre du GUD, il n’a pas hésité, en 2010, à cracher sur des journalistes et à les menacer. Il a aussi malmené en 2013 le service d’ordre de la « Manif pour tous », ainsi que des journalistes présents. Le Front national l’a pourtant mis en charge de la sécurité des journalistes pour la célébration du 1er mai de l’an passé.

La rédaction