Le premier ministre François Bayrou s’apprête à solliciter un vote de confiance à l’Assemblée nationale le 8 septembre en amont des discussions budgétaires. Un véritable pari risqué et quasi perdu d’avance, selon les médias étrangers.
François Bayrou a, dans une conférence de presse solennelle devant son équipe gouvernementale, exprimé l’urgence de la situation, décrivant les défis majeurs auxquels la France fait face, comme l’explique le quotidien belge Le Soir. Alors que son projet d’économies budgétaires d’environ 44 milliards d’euros est mal reçu, le premier ministre a décidé de jouer sa dernière carte pour cette rentrée marquée par des menaces de manifestations le 10 septembre.
À la demande du président Emmanuel Macron, une session parlementaire extraordinaire sera convoquée lundi 8 septembre où Bayrou demandera la confiance de l’Assemblée sur un exposé de politique générale. Cependant, des formations politiques comme le Rassemblement national, La France insoumise, les écologistes, les communistes et le Parti socialiste ont déjà manifesté leur intention de voter contre.
«Ce sera donc lui ou le désordre. Sa décision engage chaque député, indépendamment de son parti, à choisir en toute conscience. Une entreprise qu’il semble avoir peu de chances de réussir, à moins d’un revirement spectaculaire», ajoute le journal belge, faisant un parallèle entre François Bayrou et Pierre Mendès France, ancien premier ministre dont le mandat n’avait duré que sept mois. En cas de rejet de sa demande de confiance, Bayrou, qui avait presque contraint Emmanuel Macron à le nommer à Matignon en décembre dernier, serait contraint de partir après moins d’un an de gouvernance.
Du côté espagnol, le journal El Pais souligne la difficulté du défi auquel fait face le maire de Pau. «La véritable course débute non pas pour convaincre les citoyens des coupes budgétaires, mais pour obtenir le soutien nécessaire pour ouvrir le débat législatif sur le projet de loi», résume la publication de gauche.
Le New York Times fait état des efforts de Bayrou pour parvenir à une solution face à l’escalade de la dette, précisant que sa manœuvre s’apparente à une prise de risque importante, dans un contexte d’un gouvernement fragilisé depuis les élections anticipées convoquées l’été précédent. Les conséquences ont abouti à une Assemblée nationale divisée et à un gouvernement minoritaire confronté à des tentatives répétées de renversement.
Le Financial Times prédit que la coalition centriste soutenant Bayrou n’a pas de majorité au sein de l’Assemblée, augmentant le risque de perdre ce vote de confiance, aggravant ainsi l’instabilité politique déjà présente depuis la défaite de Macron. Les investisseurs ont noté récemment une hausse des coûts d’emprunt à des niveaux préoccupants, proche de ceux observés en Italie, traditionnellement moins vertueuse sur le plan budgétaire, ajoute le quotidien britannique, remarquant ainsi que Bayrou semble répéter le parcours difficile de son prédécesseur.
En Italie, la Repubblica juge que le gouvernement Bayrou est dans une situation précaire. De manière inattendue, le premier ministre a décidé de modifier le calendrier en plaçant le vote de confiance avant des discussions approfondies sur les mesures envisagées, ce qui représente un risque considérable.
The Guardian anticipe qu’un vote de confiance imminent pourrait engendrer la chute de Bayrou et son équipe, plongeant la France, deuxième économie de l’Union européenne, dans une crise politique plus sévère. «François Bayrou se prépare pour une rentrée épineuse, mettant son poste en jeu», conclut le journal suisse Le Temps.