En Chine, la capacité en énergies renouvelables atteint des sommets, mais la production d’électricité à partir du charbon continue de croître, soulevant un débat important sur les objectifs climatiques, l’infrastructure énergétique et l’intégration des sources renouvelables dans la plus grande économie industrielle d’Asie.
Au cours du premier semestre 2025, la Chine a mis en service 212 gigawatts de capacité solaire, atteignant un nouveau record mondial qui dépasse à lui seul la capacité totale des États-Unis à la fin de l’année 2024, comme l’indique le rapport du CREA/GEM.
Malgré la montée en puissance de l’énergie solaire, la production de charbon a également augmenté. Ainsi, au premier semestre, la Chine a activé 21 GW de nouvelles centrales à charbon, un niveau record pour un premier semestre depuis 2016. Parallèlement, la capacité solaire a explosé avec 212 GW supplémentaires installés en seulement six mois, illustrant une stratégie axée sur l’« addition d’énergie » plutôt que sur une substitution rapide, même si la part du charbon dans la production globale diminue progressivement.
Toutefois, l’augmentation de l’électricité renouvelable ne se traduit pas encore par un ralentissement des nouvelles centrales à charbon. De nombreux projets lancés lors des vagues de 2022 et 2023 avancent vers la construction ou la mise en service. En effet, 46 GW de capacités charbon ont démarré ou repris leur chantier au premier semestre 2025, avec 75 GW de nouveaux projets annoncés, comme le rapporte le CREA. Lauri Myllyvirta, analyste en chef du CREA, a expliqué que de nombreux projets charbonniers déjà approuvés restent en attente, soulignant l’inertie institutionnelle et industrielle qui freine la transition énergétique.
L’énergie solaire est en pleine expansion, mais le système reste sous pression. La Chine a ajouté 93 GW de solaire en mai 2025, suivis de 14 GW en juin, la chute liée à des réformes qui ont abrogé les rémunérations garanties pour les nouveaux projets. Linda Zeng (BMI) a commenté que tous les projets ont été lancés rapidement afin de profiter des revenus garantis avant la fin de cette opportunité. Malgré cela, il est prévu que l’énergie solaire atteigne tout de même 300 à 310 GW d’ajouts en 2025, avec une croissance moins rapide dans la seconde moitié de l’année.
Parallèlement, l’intégration des énergies renouvelables s’améliore, tandis que la part du charbon dans le mix énergétique diminue. En juin 2025, la part du charbon dans la production électrique est tombée à 51 %, son plus bas niveau en neuf ans, alors que les sources renouvelables représentent désormais 60 % de la capacité installée, contre 34 % pour le charbon. Pour atteindre ces objectifs, une flexibilité accrue du réseau, des capacités de stockage et une adaptation des règles de gestion de l’énergie sont nécessaires. Cependant, seulement 1 GW de capacité charbon a été retiré au premier semestre 2025, et il est essentiel d’en retirer 13 GW supplémentaires d’ici la fin de l’année pour respecter les objectifs du 14ème Plan quinquennal.
Concernant le climat, l’essor des énergies renouvelables commence à avoir un impact. Selon une analyse, les émissions de CO₂ de la Chine auraient chuté d’environ 1 % au premier semestre 2025, malgré une augmentation de la demande énergétique. Cette tendance illustre l’effet combiné des installations massives de solaire et d’éolien, couvrant une partie significative de la croissance de la consommation électrique. Néanmoins, Christine Shearer (GEM) avertit que le développement du charbon en Chine ne montre aucun signe de ralentissement, maintenant ainsi les émissions à un niveau élevé et conduisant à la pérennisation du charbon dans le système énergétique pour de nombreuses années à venir.
Politique, l’énergie demeure un enjeu de sécurité nationale. La Chine développe ses capacités en pilotant un système hybride : une montée rapide des renouvelables tout en continuant d’exploiter le charbon, censé stabiliser l’approvisionnement lors des pics de demande ou des aléas climatiques. Pourtant, cette dualité crée des tensions en matière de cohérence : l’ajout de nouvelles capacités charbon rigidifie le réseau et retarde l’optimisation de la flexibilité non fossile. Comme le soulignent les rapports CREA/GEM, l’expansion des projets en cours (46 GW lancés ou relancés) et l’ampleur des nouveaux projets (75 GW) augmentent le risque de dépendance au carbone, si les réformes du marché, de distribution et de rémunération des services ne s’accélèrent pas. Dans cette optique, l’énergie décarbonée devra s’appuyer sur des solutions de stockage accrues, une gestion de la demande améliorée et une tarification flexible pour transformer la croissance en une substitution durable.