Caméras-piétons testées aux États-Unis et au Royaume-Uni pour protéger le personnel

Faut-il s’attendre à voir un jour le personnel des hôpitaux, ou même les employés d’un supermarché, porter une “body camera” comme les policiers américains ? Des cas sont à l’étude au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Axon, l’inventeur du taser, fait partie des sociétés qui s’intéressent à ce nouveau marché des “body camera” (caméras-piétons), qui commencent à équiper d’autres corps de métiers que celui des forces de l’ordre. Installée dans l’Arizona, cette firme équipe déjà 2 000 polices à travers le monde et elle vient de lancer le Axon Body Workforce, un modèle de caméra moins volumineux et plus coloré. “Cette invention”, dit le PDG, Rick Smith, “marque un nouveau chapitre dans l’histoire des caméras-piétons, conçues pour faire face à la violence qui touche les travailleurs essentiels.”

Des essais sont menés depuis 2020, notamment dans deux “chaînes d’hôpitaux”, au Texas et dans l’ouest du pays. “L’idée, explique le site Fast Company, est de calmer les éventuelles tensions avec des patients ou des clients, de dissuader les voleurs dans un magasin, mais aussi d’avoir une preuve à fournir à la justice si les choses se passent mal.”

Deux infirmières agressées toutes les heures aux États-Unis

La question des caméras-piétons dans un hôpital ou un supermarché est encore en débat. Ce n’est qu’une variante de la caméra de surveillance après tout, qui existe déjà dans les hôpitaux ou la plupart des magasins. Si l’on en croit Axon, dans le commerce, 47% des employés auraient été témoins ou victimes d’un incident violent sur leur lieu de travail. Axon cherchant à vendre ses caméras, il faut éventuellement prendre un peu de distance avec ces chiffres. Mais selon Press Ganey, spécialisé dans les sondages dans le milieu médical, deux infirmières se font agresser toutes les heures aux États-Unis, notamment dans les services psychiatriques, d’urgences, mais aussi pédiatriques. La majorité de ces agressions sont commises par des patients, mais elles peuvent aussi venir de membres de la famille, de collègues ou d’intrus.

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À un autre degré, une psychiatre de l’école de médecine de Yale souligne que le secteur de la santé n’échappe pas au racisme systémique. Des “body cameras” pourraient donc forcer des médecins à corriger leur comportement, de la même façon que ces caméras contribuent en théorie à la lutte contre la discrimination et les brutalités policières.

Efficacité encore à l’étude

Cette solution théorique donne-t-elle dans la réalité des résultats aussi convaincants ? Disons qu’il n’y a pas encore de conclusion irréfutable. Axon assure que les incidents ont diminué de moitié dans deux magasins où la caméra a été testée. Mais dans le même temps, une étude du King’s College à Londres sur l’utilisation des “body cameras” dans un hôpital psychiatrique a jugé limitées les preuves de l’efficacité du système. Dans le cas de la police, le ministère américain de la Justice a déclaré en 2022 ne pas avoir noté d’effets significatifs sur la réduction de l’usage de la force.

La firme Omdia estime que le marché de la caméra-piéton – 1,5 milliard de dollars aujourd’hui – devrait doubler d’ici trois ans. L’essentiel de ce marché concerne la police pour l’instant et il y a beaucoup plus d’infirmières ou d’employés de supermarché que de policiers. Cette vue rencontre toutefois deux limites : d’abord le coût d’une caméra – près de 1 000 dollars plus les frais d’utilisation – ainsi que le respect de la confidentialité des patients à l’hôpital. Et puis, a-t-on envie de vivre dans un monde où tout le monde filme tout le monde ?

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